Mon aventure, ma vision tanga
Loin de moi l’idée d’écrire pour imposer des choses, me sentir au-dessus de l’expérience de tous les aquariophiles avertis ! Ces quelques lignes sont ici pour expliquer mon projet, ma vision et faire un partage.
Aquariophile depuis de nombreuses années, j’ai commencé tout simplement cette passion avec ma mère. Elle avait un bac pendant ma jeunesse. Mes premières expériences commencent donc avec une vision assez classique d’un aquarium et les douces paroles des vendeurs des magasins Truffaut and co. Si je résume, c’est facile. On met 50% d’eau du robinet, 50% d’eau déminéralisée. On change l’eau à hauteur d’1/3 tous les mois avec un nettoyage complet de l’aquarium. On essaye des poissons en les choisissant selon les conseils des vendeurs, de leur beauté, et selon leur utilité (les fameux nettoyeurs de vitre etc…) ; on essaye de les maintenir au mieux avec des espèces qui durent quelques semaines et certaines quelques années. C’est amusant mais fatiguant à la longue. Trop d’entretien, peu d’intérêt des enfants, ma mère décide d’arrêter après plusieurs longues années.
Moi, de mon côté, je continue à me renseigner, à m’intéresser au sujet. Je regarde des reportages, je lis des forums, je parle avec des aquariophiles. Je tente de me faire une idée et de réfléchir sur la question.
Un jour, je me décide, pour mon prochain appartement, je me relance dans l’aventure. Que faire ? Un communautaire comme ma maman ? Un spécifique ? Un biotype ? Allez, je vais faire un biotype et plus précisément un amazonien.
S’en suit le début du projet, l’achat de l’aquarium, des erreurs de débutant puis ma vision de l’aquariophilie qui s’affine. Je vais faire court sur ce projet car ce n’est pas le sujet. Mais le plus important est cette fameuse vision et ma conception. De nombreux aquariophiles estiment que les poissons d’aquarium sont « habitués » depuis des dizaines d’années au maintien en aquarium, se suffisent d’une eau neutre et d’un bac avec du sable, des plantes, des roches et/ou racines, un peu de lumière et zou ! Combien de fois ai-je pu entendre ou lire que, par exemple, on peut maintenir des discus d’élevage dans un bac de 600L avec de l’eau du robinet. Non, tout ceci n’est pas pour moi !
Comment peut-on juste imaginer qu’à l’échelle humaine, des poissons puissent s’être habitués à autre chose que ce pourquoi ils ont été génétiquement programmés depuis des millions d’années ? Si l’espèce habite dans une certaine partie du globe, ce n’est pas par hasard. Il faut donc étudier au mieux le milieu originel de l’espèce et essayer de l’adapter. Chimie de l’eau, courant, cycle lunaire et solaire etc…
La conclusion de cette expérience amazonienne avec cette vision est un bac composé de 100% d’eau osmosée de tourbe et de feuille de catappa, 80 µS/cm de conductivité, 0 de KH et GH, PH de 5,5, une eau à 27 degrés. La fin de ce projet sonne quand je décide de déménager. J’en profite pour tout revendre et commencer un nouveau projet : un bac tanga. Mais cette fois, on va aller à fond dans la reproduction des conditions du lac et essayer de s’approcher au plus près des conditions de vie des espèces endémiques du lac.
Après l’achat de la maison et de la décision de l’emplacement du bac dans le salon, on prend les mesures et on contacte un fabricant d’aquarium. L’idée est de faire du sur-mesure et d’en faire un maximum sur le projet. En parallèle, je suis à la recherche d’un parrain de projet. Au fil des lectures sur différents forum, je tombe sous le charme de la technique et de la philosophie d’Eric (Rico650). Je le contacte, lui parle de mon projet : il décide de devenir mon parrain de stage !
Il va m’aider grandement sur la technique et la motivation. Un parrain en or ! Cela sera donc un bac de 2m20 de long, sur 65cm de large et 70cm de haut. Le bac aura une décantation externe et une technique de filtration issue des filtrations de bassin de Koï : tapis japonais et Kaldnès avec oxygénation. C’est une technique un peu particulière pour de l’aquariophilie mais elle est très très puissante. L’idée est de partir sur une filtration sur-sur-dimensionnée afin de se prémunir au maximum de tous soucis et d’éviter des changements d’eau trop régulier. Le bac de salon doit être le plus autonome possible et le plus beau. Je veux éviter les déboires de jeunesse à être esclave de son bac et finir par arrêter ! Maître mot du projet : On profite et on observe quand tout sera terminé !
La suite de mes lectures et recherches m’amène aux conclusions suivantes : je vais partir sur des brouteurs et plus particulièrement sur les Tropheus. Cette espèce m’intrigue. Je trouve les comportements individuels et collectifs passionnants. De plus, et depuis toujours, je considère les Tropheus sp red rainbow Kasanga comme étant les poissons d’eau douce les plus beaux. Ils vivent dans une eau dure assez proche des paramètres marins. Ils ont bien évidemment des cycles lunaires et solaires chaque jour. Le lac a des courants plus fort l’après-midi. Les brouteurs passent leur temps à brouter des algues sur les roches du lac, roches calcaires leur apportant aussi des minéraux nécessaires à leur développement. Ils subissent des variations de températures pendant l’année et la journée.
Comment arriver à simuler tout ça !? La réflexion commence par la partie éclairage. Tout découlera de cette réflexion. Il faut avoir un éclairage pouvant reproduire les levers/couchers de soleil, les cycles lunaires ainsi que - si possible - les nuages. Passant de devis sur du sur-mesure, au projet du home-made avec babyfish et/ou des arduino, les conclusions des recherches sont claires : il n’existe rien d’adapté pour les bacs d’eau douce. Tout tourne autour des bacs marins et ne semble pas convenir pour l’eau douce. En discutant avec les professionnels, la conclusion est que l’éclairage marin est très orienté sur le bleu avec une température de couleur de 10 000K. Cela favorise la pousse des algues, ennemi des bacs d’eau douce. Ennemi … Ennemi … oui ! Mais pas pour mon cas ! 10 000K est parfait pour favoriser la belle couleur des poissons et les algues sont justement ce que l’on cherche pour leur bien être ! Bingo ! Je pars tout simplement sur un éclairage marin et toute la technologie liée autour de cela. A bien y réfléchir, le lac Tanganyika est une ancienne mer qui s’est fermée avec le temps et qui a perdu sa salinité. Partir sur des techniques marines reste donc cohérent.
Tout le reste du projet en découle. Je pars sur le système Apex de neptunesystems avec des spots KESSIL. Des leds bleues complèteront le système pour les cycles lunaires. Une pompe de brassage pour les courants de l’après-midi, des résistances en titane pour les chauffages, couplées à une sonde de température afin de reproduire les différentes variations de température, des ventilateurs de surface pour contrôler la chauffe du bac et reproduire les courants d’air de la région et un distributeur de nourriture pour les vacances. Le tout sera contrôlé depuis internet et depuis n’importe quels tablette, smartphone et/ou pc.
Reste à réfléchir sur la chimie de l’eau, les roches pour le décor, l’électrification et la sécurisation du tout ainsi que la technique pour combler l’évaporation de l’eau.
Pour la chimie de l’eau, c’est assez simple au final. L’eau du robinet de la région parisienne est assez similaire à l’eau du lac. En y ajoutant une forte oxygénation grâce à la filtration via Kaldnès, on arrive à de bons paramètres. L’eau a un PH supérieur à 8 avec une bonne minéralité.
Les roches seront un copier/coller du bac de mon parrain : des roches calcaires à trou qui viennent directement de l’Est de la France. Parfaite pour la déco, pour le bien être des brouteurs et pour les nombreuses cachettes naturelles. La contrepartie est qu’il sera impossible de bouger le décor et d’y récupérer les pensionnaires. Une fois en bac, cela sera définitif. C’est un parti-pris.
Pour l’électrification du projet, on discute beaucoup avec le parrain, avec mon beau-père qui a toujours de précieux conseils et qui est d’une grande aide. On va donc tirer une ligne spécifique vers le disjoncteur de la maison afin d’éviter qu’en faisant sauter les plombs de la cuisine, on fasse sauter le bac (et vice versa). On va également doubler les pompes de remontée avec un montage en série histoire d’éviter la perte d’une pompe causant la mort à coup sûr du bac. On utilisera aussi des prises IP65 pour éviter au maximum les soucis. Je ne l’apprends à personne mais l’eau et l’électricité ne sont pas de bons amis !
Pour finir, on prévoit l’évaporation de l’eau. Il ne faut pas non plus que le niveau d’eau soit une corvée. Sur ce poste de réflexion, rien de sorcier et que du classique : un bidon de 70 litres pour contenir de l’eau osmosée et l’utilisation d’un osmolateur pour remplir la décantation à chaque détection de niveau trop bas. Simple et efficace.
Le tout étant défini et acheté, on monte le tout, on remplit d’eau et on attend que le cycle se fasse. Il va durer un bon gros mois avant de pouvoir y ajouter les premières espèces du bac.
Tropheus sp red rainbow Kasanga, Cyprichromis leptosoma Utinta et Julidochromis seront les premiers pensionnaires. Suivront un petit groupe de Synodontis Petricola sauvage. La liste définitive des pensionnaires se trouve sur ma liste de maintenance
Liste de maintenance de cycykewlPour l’instant, et en conclusion de tout ça, j’ai un bac hyper stable et en parfaite santé. Les poissons vont très bien et quasi aucune perte n’est à déclarer. Les tests chimiques indiquent également que tout va bien.
C’est un merveilleux bac de salon, autonome et avec très peu d’entretien. Côté entretien ? Cela peut se résumer à 10min d’entretien hebdomadaire : lavage de vitre et changement de la ouate dans la décantation. Tous les 15 jours, on remplit la réserve d’eau osmosée et tous les 3-4 mois, on change 1/3 d’eau avec l’utilisation de l’hyper filtration.
Tout ceci est encore à prendre avec des pincettes car seul le temps nous dira si les choix ont été les bons et si le bac tiendra encore plus dans la durée.
En tout cas, pour l’instant, ce n’est que du bonheur, de l’observation et sans aucune contrainte. Patience, observation et partage. Les maîtres mots de l’aquariophilie et sans aucun doute les conclusions de ce bac.
Pour plus de détail, il suffit d'aller sur mon post spécifique
Le bac de Cycykewl