Attaquons aujourd'hui le deuxième nœud de notre lignée I: il s'agit du groupe comprenant les espèces Petrochromis ephippium et Petrochromis trewavasae.
Il a longtemps été entendu qu' ephippium n'était qu'une sous-espèce de trewavasae, et il a au départ été décrit ainsi par Pierre Brichard, mais Ad Konings a rencontré les deux espèces ensemble à Kanoni et Kapampa, et il s'agit donc sans conteste de deux espèces différentes, mais très proches morphologiquement.
Petrochromis trewavasae a une répartition restreinte dans le lac, puisqu'on ne le rencontre que dans le sud-ouest, depuis la frontière entre la Zambie et le Congo jusqu'à Tembwe II. Il s'agit d'un poisson très peureux, qui fuit dans les rochers dès la moindre tentative d'approche, et qui se rencontre souvent en petits groupes en eau peu profonde. La taille maximale des mâles est de 18 cm. Les deux sexes ont un patron de coloration assez semblable, avec une couleur de fond brun sombre à noir, et le corps constellé de multiples et minuscules taches jaune brillant, qui font toute la beauté de l'espèce. Les mâles présentent en plus des tâches ovoïdes de plus grande taille sur la nageoire anale, et de longs filaments à l'extrémité des nageoires impaires. C'est une des espèces du genre qu'il est possible de maintenir sans trop de difficultés en bac d'ensemble de 550 litres (un seul mâle dans cette configuration) et plus, mais le comportement timide est conservé en captivité.
Petrochromis ephippium est quand à lui répandu sur tout le pourtour du lac, avec des populations présentant une variété géographique importante.
La coloration de base est assez semblable à celle de trewavasae, avec en plus une "selle" (d'où le nom latin) de couleur claire le long du dos et dans la nageoire dorsale. Cette tâche en forme de selle varie selon les populations, et elle peut être jaune ou blanche selon les localités.
Au sud il y a des populations à selle jaune et à selle blanche, au nord uniquement à selle blanche, et à l'est uniquement à selle jaune. Il faut noter que les mâles dominants des populations de l'est deviennent entièrement jaune lumineux et sont commercialisés sous le nom de Petrochromis sp. "Moshi yellow".
Pour faire un peu le tour des populations déjà importées, citons:
Petrochromis ephippium "Halembe", noir à selle et dorsale blanche.
Petrochromis ephippium "Kabwensolo", noir à selle blanche et dorsale noire mêlée de blanc.
Petrochromis ephippium "Mahale", qui se rencontre à Mabilibili, Siyeswe et tout le long des montagnes du parc nationnal de Mahale, entièrement jaune bouton d'or (c'est le plus beau "Moshi").
Petrochromis ephippium "Ikola", corps jaune, dorsale jaune, tête noire (c'est le "moshi yellow" à tête noire).
Petrochromis ephippium "Kekese", corps brun jaune, dorsale jaune, tête jaune ( un autre "Moshi").
Petrochromis ephippium "Mpimbwe", entièrement jaune brun brillant (un des plus beaux "Moshi").
Petrochromis ephippium "Mtoto", ventre, selle et dorsale blancs, tête blanche, corps noir.
Petrochromis ephippium "Nkondwe", noir à selle et dorsale blanches.
Petrochromis ephippium "Samazi", noir à selle blanche, dorsale noire.
Petrochromis ephippium "Kantalamba", tête noire, joues jaunes, selle et dorsale blanches.
Petrochromis ephippium "Mvuna", tête noire, corps bronze, nageoire dorsale jaune.
Petrochromis ephippium "Nundo", corps et tête noire, selle blanche, dorsale noire.
Petrochromis sp. "Moshi yellow Mpimbwe"
Petrochromis sp. "Moshi yellow Lyamembe"
Il en existe en fait une variété sur chaque biotope rocheux, et tous ne sont pas encore récencés.
La taille adulte maximale semble être d'une vingtaine de centimètres et jusqu'à trente pour les grands mâles hyper territoriaux des variétés "Moshi" , et il s'agit de poissons qui défendent des territoires assez étendus en zone rocheuse pure. La coloration varie énormément selon l'humeur et le statut social du poisson, si bien que tous les intermédiaires entre la coloration femelle de base et la coloration de parade du mâle se rencontrent et donnent l'impression d'avoir affaire à plusieurs espèces distinctes.
D'un point de vue aquariologique c'est déjà un gros Petrochromis, un peu moins agressif que ceux du groupe précédent, mais il est illusoire de vouloir tenir plusieurs mâles dans le même aquarium, et la taille minimale pour un mâle et une à six femelles est un bac de plus de 1000 litres.